mercredi 28 mai 2008

Et j’avais soudain l’impression qu’il était logique qu’on me trouve bizarre.

Nous jouions dans le jardin, une petite fille de 5 ans, une autre de 13 ans et moi. Elles semblaient être mes sœurs, j’avais des sentiments de sœur pour elles. La petite glissait au bout du jardin qui se terminait en ravin. Elle s’amusait à cela, elle aimait qu’on la rattrape juste à temps. Moi j’avais peur. Alors je me suis aperçue que j’avais oublié mon nom, mon age et ce que je faisais ici. J’entrai dans la maison où discutaient des gens qui étaient sans doute ma famille. Je ne reconnaissais pas cet endroit. Sur le mur, il y avait des portraits avec des noms dessous, comme un arbre généalogique. La photo d’une femme attira mon attention. Dessous il était écrit « Drora Rosenwald, morte en camp d’extermination ». Son visage ne m’était pas familier, mais je sentis que c’était ma grand-mère, je le sentis très fort et des larmes coulèrent sur mes joues. Celui qui devait être mon père s’approcha, et me dit : c’est la photo de ton arrière-arrière-grand-mère qui te met dans cet état ? Ce père avait l’air doux. Je fis un rapide calcul dans ma tête, comment était-ce possible qu’une femme morte dans les années 40 soit mon arrière-arrière-grand-mère ? Je demandai au père en quelle année nous étions, et il répondit l’air inquiet que nous étions en 2051. Je ne pensais pas qu’il était si tard. Je pensais que nous étions dans les années 90. Et je ne savais pas non plus que j’étais juive. Je n’osais pas demander mon nom. Je demandai juste ce que signifiait Drora en hébreux et le père eu l’air un peu triste, il répondit : « liberté ». Alors je sortis, une sœur m’attendait avec un chien, un labrador au pelage clair. Sur le trottoir d’en face, il y avait des hommes en costume gris qui vendaient des sculptures anthropomorphiques, en bois. Je demandai à la sœur qui étaient ces types. Elle me demanda si je blaguais en fronçant les sourcils, je lui dis juste que j’avais oublié. Elle dit que si j’avais oublié elle allait me le rappeler ce qu’ils font ces enculés, qu’ils forcent les artistes à faire ces sculptures de merde dans des camps de travail où on leur fait subir un tas d’expériences ignobles. Ensuite, ils les vendent très cher à des gens très riches et sans scrupules, comme nos voisins. La petite soeur que je n’avais pas vue expliqua que les artistes sont des fainéants que c’est pour ça qu’on les enferme. L’autre sœur lui mit une gifle. Moi je pleurais à nouveau. Je proposai aux deux sœurs d’aller se promener avec le chien. Sur la route, nous croisâmes d’autres chiens, des labradors noirs. Ils avaient tous des pochettes autour du cou. J’ouvris celle de notre chien, elle contenait une drôle de seringue avec un embout très long et une poche remplie de liquide sur laquelle était inscrit « sperme n°125 478 ». La sœur de 13 ans me prit le bras et cria : tu vas quand même pas utiliser le meilleur sperme de notre chien pour inséminer cette chienne bâtarde ! Je lui dis pardon, que je regardais tout simplement. Elle souffla à la petite sœur que j’étais vraiment bizarre aujourd’hui. Et j’avais soudain l’impression qu’il était logique qu’on me trouve bizarre.